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LES BELLES-DE-NUIT.

— Soit !… répliqua Pontalès d’une voix sourde, je frapperai le premier !

Le bateau toucha, et presque aussitôt René de Penhoël sauta lourdement sur les planches vermoulues de la cale.

On ne pouvait distinguer les traits de son visage, mais tout en lui révélait une agitation extraordinaire.

— Vite !… vite ! balbutia-t-il ; il a disparu avec son grand cheval noir… mais il va revenir peut-être… Vite !… vite !… mettez la rivière entre lui et moi !…

Nos quatre compagnons s’étaient relevés, mais René de Penhoël ne les voyait même pas. Son regard restait cloué sur le rivage avec une invincible terreur.

Pontalès était en proie à une sorte de folie… Robert était obligé de le retenir pour l’empêcher de s’élancer sur son ennemi.

— Tout à l’heure !… murmurait l’Américain, tout à l’heure !…

Pontalès se débattait l’écume à la bouche.

Le bateau avait cédé au courant pendant les quelques secondes où la perche de Bibandier était restée oisive.

On se trouvait maintenant auprès d’une petite langue de terre, où croissaient des saules, ces mêmes saules qui avaient servi d’abri à Robert