Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Positivement, vous l’avez fait.

Laure s’assit et croisa ses mains sur ses genoux.

Il y avait deux grosses minutes que Domenica s’était détournée de son miroir, tant elle bavardait de bon cœur. Quand son regard revint vers la glace, elle poussa un cri de joyeuse surprise :

— Mais ce n’est plus moi, s’écria-t-elle, je suis aussi bien coiffée que vous ! Mon fils va me trouver belle ! Descendons.

Elle se mit debout devant sa psyché et s’admira de la tête aux pieds. De la tête aux pieds elle éblouissait. Laure avait trouvé moyen de caser tous les diamants : il y en avait pour six personnes, et sous tant de rayonnements, la bonne Domenica n’était pas plus ridicule qu’à l’ordinaire :

Un vrai chef-d’œuvre !

Pendant qu’elle s’admirait de tout son cœur, Laure semblait absorbée dans ses réflexions.

Sur un guéridon, non loin d’elle était le mouchoir brodé que la marquise avait trempé de ses larmes si abondamment le matin.

Laure l’aperçut et son œil brilla.

— Descendons ! répéta-t-elle après Domenica.

Elle se leva. En passant auprès du guéridon, elle posa la main furtivement sur le mouchoir et sentit un objet dur à travers les plis de la batiste.

— La bague est-là ! pensa-t-elle.

La marquise, dont la main tenait déjà le bouton de la porte, se retourna effrayée parce qu’elle avait entendu un gémissement.