Elle vit Laure droite et roide au milieu de la chambre, les yeux fixes, le corps agité de tressaillements.
— Chérie ! chérie ! s’écria-t-elle en s’élançant, n’allez pas vous trouver mal !
— Je dors, répliqua Laure, de cette voix sèche et sans sonorité que Domenica connaissait si bien depuis le matin.
— Vous dormez ! répliqua celle-ci stupéfaite. Et qui donc vous a endormie !
— Lui ! prononça Laure.
Son doigt tendu montrait le mouchoir.
La marquise murmura, en joignant les mains :
— La bague ! Est-ce assez étonnant ! Avec cette science-là, on n’est jamais au bout !… Mais, bonne petite, nous n’avons pas le temps ! Il faut vous éveiller…
— Non, fit Laure, d’un ton morne.
Elle ajouta :
— C’est mal. Vous m’aviez volé cette bague pendant mon sommeil.
De rouge qu’elle était, Domenica devint écarlate. Laure continua :
— Conduisez-moi à un fauteuil, sinon je vais tomber.
Et dès qu’elle fut assise :
— Avez-vous des cheveux de Mlle d’Aleix ?
— Mais, bonne petite, objecta la marquise, on m’attend…
— Je n’obéis qu’à lui interrompit Laure. C’est lui qui m’ordonne de vous parler comme je le fais. Faites-moi