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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/65

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MADAME GIL BLAS

VII

Première nuit d’auberge. — Orgie de brigands. — L’arithmétique du bon père Macé.


L’effroi que je vis dans les yeux de Gustave augmenta le mien.

— Méfiance ! répétai-je en me tournant vers notre voisin, — et pourquoi ?

— Je ne suis pas avec eux, au moins ! protesta vivement le bon père Macé ; mais on ne peut pas coucher dehors, pas vrai, parce qu’il y a des mauvaises pratiques dans une auberge ?

— Qui sont donc ces gens ? demanda Gustave.

Le père Macé se rapprocha et baissa la voix encore plus. Il me sembla que son regard se fixait sur la chemise que Gustave avait nouée en sacoche pour porter nos sous.

— Quant à dire du mal de quelqu’un, reprit le bonhomme, jamais !… Chacun vit à sa guise, pas vrai ? et le mieux est de ne pas s’occuper des affaires des autres… Ces gens-là sont ci et ça, mie et croûte, quoi ! ça les regarde… pas vrai ?… Voilà Perrin Boulais, le grand qui tient le manche de son fouet… c’est un chrétien… mais j’ai ouï dire qu’il ne fait point bon le croiser à la brune dans une basse route…

— Comment !… nous écriâmes-nous tous deux à la fois.