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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/64

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PAR PAUL FÉVAL

Gustave me poussa le coude.

— Voilà un vieux qui a l’air bien doux et bien poli, me dit-il.

— J’en réponds, mon parrain !… il ne ressemble guère aux autres !

— Et quel âge avons-nous ? reprit Gilles Macé d’un ton si paternel que nous fûmes touchés jusqu’à l’âme ; — douze à treize ans la gentille poulette… seize ans le beau garçon… Ah ! dame ! j’ai été jeune aussi un temps qui fut… si j’en avais su aussi long qu’aujourd’hui !… Mais vous ne pourrez pas faire que les jeunesses écoutent ceux qui ont de l’âge… C’est égal, je m’intéresse à vous, mes bénis enfans, et je veux vous donner un conseil : si quelqu’un de ceux-là qui sont au bout de la table voulait faire amitié avec vous, méfiance !

Il avait baissé la voix et ses yeux roulaient sous ses sourcils grisâtres.

Nous devinâmes tout de suite, Gustave et moi, qu’il y avait là près de nous quelque grand danger, que notre inexpérience seule nous empêchait de voir.

Nous regrettâmes d’avoir franchi le seuil de ce repaire, — mais il était trop tard.