Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/110

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qu’il s’approchât ouvertement de l’endroit où nous travaillions, s’il pouvait le faire en secret : il visait sans cesse à fondre parmi nous à l’improviste. Il était si rusé que nous l’appelions « le serpent. » Lorsque nous étions au travail dans un champ de blé, il s’avançait quelquefois en rampant sur les mains et sur les genoux pour éviter d’être découvert, et se levait tout à coup au milieu de nous, en s’écriant : « Ha ! ha ! Allons ! allons ! Avancez ! avancez ! » Puisque tel était son mode d’attaque, il n’était jamais sûr pour nous de nous reposer un instant. Ses approches ressemblaient à celles d’un voleur dans la nuit ; il nous semblait être toujours prêt ; il était sous les arbres, derrière tous les troncs, dans tous les buissons et à toutes les fenêtres de la plantation. Il montait quelquefois à cheval, comme pour aller à Saint-Michel, qui était à la distance de sept milles ; une demi-heure après, on pouvait le voir blotti dans un coin de la palissade, et occupé à surveiller tous les mouvements des esclaves. Il lui fallait, pour l’exécution de ce dessein, laisser son cheval attaché dans les bois. En outre il s’approchait de nous quelquefois, pour nous donner des ordres, comme s’il était sur le point de partir pour faire un long voyage, après quoi il nous tournait le dos, et faisait semblant d’aller se préparer