Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/111

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à la maison ; mais avant d’avoir fait la moitié de la route, il revenait tout à coup sur ses pas, se traînait dans le coin d’une palissade, ou derrière un arbre, et de là nous surveillait jusqu’au coucher du soleil.

Tromper ! voilà quel était le fort de M. Covey. Il consacrait sa vie à projeter et à exécuter les déceptions les plus infâmes ; tout ce qu’il avait acquis en fait de savoir ou de religion, il le faisait servir d’instrument à cette disposition à la tromperie ; il semblait se croire capable de tromper le Tout-Puissant lui-même ; il faisait une courte prière le matin, et une longue prière le soir ; et quelque extraordinaire que cela puisse paraître, il y avait certaines occasions où il aurait été difficile de trouver un homme qui eût l’air plus dévot que lui. Les exercices de piété qui avaient lieu dans sa famille, commençaient toujours par un chant religieux ; et comme il n’était pas bon chanteur lui-même, il m’imposait ordinairement le devoir d’entonner l’hymne. Il lisait les paroles, et me faisait ensuite signe de commencer ; quelquefois je lui obéissais, et quelquefois non ; un refus de ma part produisait presque toujours une grande confusion. Alors, afin de se montrer indépendant de moi, il commençait l’hymne, et la continuait de la manière la plus discordante. Lors-