Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/117

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à quelqu’un. Il se peut que mes maux dans l’esclavage ne fassent qu’augmenter mon bonheur quand je serai libre. Un meilleur temps approche ! »

C’est ainsi que je pensais ; c’est ainsi que je me parlais à moi-même ; dans certains moments, j’éprouvais des transports qui allaient jusqu’à la folie ; dans d’autres je tâchais de me résigner à mon misérable sort.

J’ai déjà fait connaître que ma condition pendant les premiers six mois de mon séjour chez M. Covey, avait été bien plus pénible que pendant les derniers six mois. Les circonstances qui amenèrent un changement dans les manières de M. Covey à mon égard, forment une époque dans mon humble histoire. Mes lecteurs ont vu comment d’un homme on faisait un esclave ; ils vont voir comment un esclave devint un homme. Un des jours les plus chauds du mois d’août 1833, Guillaume Smith, Guillaume Hughes, un esclave du nom d’Éli, et moi-même, nous étions occupés à vanner le grain. Hughes ôtait le blé vanné de devant le van, Éli le tournait, Smith le remplissait, et moi j’y portais le blé. Ce travail était simple, et exigeait plutôt de la force que de l’intelligence ; cependant il devenait bientôt fatigant pour quelqu’un qui n’y était pas accoutumé.