Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/118

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À environ trois heures, il me fut impossible de continuer : la force me manqua ; un mal de tête violent me saisit, accompagné de vertiges ; je tremblais de tous mes membres. Comme je prévoyais ce qui ne manquerait pas d’arriver, je redoublai d’efforts, sentant bien qu’il ne fallait pas arrêter l’ouvrage. Je me tins debout aussi longtemps qu’il me fut possible de me traîner en chancelant jusqu’à la trémie avec du grain. Enfin, je ne pus pas y résister davantage : je tombai, et je sentis comme un poids immense qui me retenait à terre. Le van s’arrêta forcément, car chacun avait son propre ouvrage à faire ; pas un ne pouvait s’occuper de celui d’un autre, et continuer le sien en même temps.

M. Covey était à la maison, à environ cent verges de la cour où nous travaillions. Dès qu’il cessa d’entendre le bruit du van, il quitta la maison et s’approcha de nous. Il se hâta de s’informer de ce qui s’était passé. Guillaume lui répondit que j’étais malade, et qu’il n’y avait personne pour apporter le grain au van. J’étais alors parvenu à me traîner à côté du poteau de la palissade qui entourait la cour, dans l’espérance de trouver quelque soulagement à mes souffrances en me mettant à l’abri du soleil. Il demanda alors où j’étais. Un des ouvriers