Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/120

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l’état pénible où je me trouvais était une entreprise bien difficile à exécuter. Je me sentais d’une faiblesse extrême, qui provenait autant des coups que j’avais reçus que de la forte indisposition dont je venais d’être atteint. Cependant je me tins prêt à profiter de l’occasion, et tandis que Covey avait les yeux tournés dans une autre direction, je partis pour Saint-Michel. Je parvins à franchir une distance considérable sur la route des bois, avant que Covey me découvrît. Dès qu’il m’aperçut, il me cria de revenir, et me menaça du châtiment le plus sévère si je ne lui obéissais pas. Je ne tins compte ni de ses menaces ni de ses cris, et je m’avançai vers les bois aussi vite que ma faiblesse me le permettait. Comme je craignais qu’il ne me rejoignît si je suivais la grande route, je pris à travers les bois, en m’éloignant assez de la route, pour éviter d’être découvert, et en m’en tenant assez près pour ne pas m’égarer. Je n’étais pas allé loin quand le peu de force qui me restait m’abandonna encore. Il me fut impossible de marcher plus longtemps. Je tombai à terre et j’y restai pendant quelque temps. Le sang coulait encore lentement de la blessure que j’avais reçue à la tête. Je me figurai que j’allais mourir d’hémorragie, et je pense bien que j’en serais mort en effet, si le sang ne s’était