Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/119

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lui indiqua l’endroit où j’étais couché. Après m’avoir regardé pendant quelques moments, il s’informa de ce que j’avais. Je lui répondis de mon mieux, car j’avais à peine assez de force pour parler. Alors il eut la cruauté de me donner un coup de pied dans le côté, et m’ordonna de me lever. Je tâchai de le faire, mais je retombai après un vain effort. Il me donna un second coup de pied et réitéra son ordre. Je tâchai encore de me lever, et je parvins à me tenir debout ; mais en me penchant pour prendre le baquet dont je me servais pour remplir le van, je chancelai encore et tombai. Pendant que j’étais dans cette situation, M. Covey saisit l’instrument dont Hughes se servait pour mesurer le demi-boisseau, m’en asséna un coup violent sur la tête, et me fit une grande blessure d’où le sang coula abondamment. Il m’ordonna en même temps de me lever, mais je ne fis aucun effort pour lui obéir, car j’étais résolu de le laisser faire tout ce qu’il voudrait. Malgré la violence de ce coup, ma tête ne tarda point à aller un peu mieux. M. Covey m’avait abandonné à mon sort. Ce fut alors que, pour la première fois, je résolus d’aller trouver mon maître, de lui faire ma plainte, et d’implorer sa protection. Il fallait, pour cela, faire cet après midi même sept milles à pied, ce qui dans