Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/134

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Un esclave mange sa portion et en demande davantage. Son maître se met en colère ; toutefois, il ne veut pas le renvoyer sans lui accorder un supplément de nourriture. Comment sortir d’embarras ? Il lui en donne plus qu’il ne lui en faut et le force à la manger dans un temps fixé. Ensuite, si le pauvre esclave se plaint d’en avoir trop, et de ne pouvoir plus manger, on lui dit qu’il n’est content ni rassasié, ni à jeun, et on le fouette parce qu’il est difficile à satisfaire. J’ai une multitude d’exemples pour prouver le même principe de conduite, qui proviennent de mes propres observations, mais je pense que ceux que j’ai cités sont suffisants. C’est une manière d’agir très-commune.

Le 1er janvier 1834, je quittai M. Covey, pour aller demeurer chez M. Guillaume Freeland, dont l’habitation se trouvait à peu près à trois milles de Saint-Michel. Je trouvai dans ce dernier un homme tout différent du premier. Quoiqu’il ne fût pas riche, il était ce qu’on peut appeler un monsieur instruit du sud. M. Covey, au contraire, était, comme je l’ai montré, expert dans l’art de dompter les nègres, et de surveiller les esclaves. Celui-là, quoique propriétaire, semblait avoir un certain degré de respect pour l’honneur, pour la justice et pour l’humanité. Celui-ci paraissait entièrement inaccessible