Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/144

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dans un pays libre ; il n’était donc plus possible que je me trouvasse content de demeurer ni avec lui, ni avec aucun autre propriétaire. Au commencement de l’année, je me mis à me préparer à une dernière lutte, qui devrait décider à jamais de mon sort d’une manière ou de l’autre. Tout, en moi, me portait à sortir de cet état d’abjection. J’approchais rapidement de l’âge où l’on est homme ; cependant les années s’étaient succédé, et j’étais encore esclave ! Ces pensées m’animèrent. — Je me dis qu’il fallait que je fisse quelque chose. Je résolus donc que 1835 ne se passerait pas sans être témoin d’un effort de ma part pour conquérir ma liberté. Mais je ne voulais pas nourrir seul cette détermination. Mes compagnons m’étaient chers. Je désirais qu’ils se joignissent à moi dans une détermination qui devait nous donner la vie. Je commençai donc, quoique avec beaucoup de prudence, à m’informer de leurs vues et de leurs sentiments par rapport à leur condition, et à faire germer dans leur esprit des pensées de liberté. Je me mis à chercher, à concerter un plan pour notre fuite, et je tâchai, en même temps de graver dans leur esprit, toutes les fois que je trouvai une occasion convenable, tout ce qu’il y avait d’injustice criante et d’inhumanité grossière dans l’esclavage. Je m’adressai d’abord à