Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/145

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Henri, ensuite à Jean, puis à tous les autres. Je trouvai en eux des cœurs et des esprits pleins d’une noble ardeur. Ils étaient prêts à m’entendre, et prêts à agir lorsqu’un plan praticable leur serait proposé. C’était justement ce que je désirais. Je leur fis sentir à quel point nous manquerions de courage, si nous supportions notre servitude sans faire au moins un noble effort pour nous en délivrer. Nous nous réunissions souvent, nous avions ensemble de fréquentes consultations ; nous parlions de nos espérances et de nos craintes. Nous passions en revue les difficultés réelles ou imaginaires que nous aurions à surmonter. Tantôt, nous étions presque disposés à renoncer à toute idée de fuir et à tâcher de nous contenter de notre misérable sort ; tantôt, nous étions fermes et inébranlables dans notre résolution. Toutes les fois qu’un nouveau plan était proposé, nous reculions en tremblant ; les chances contre nous étaient épouvantables ; nous prévoyions que nous aurions à rencontrer à chaque pas les plus grands obstacles ; et, supposé que nous réussissions à atteindre le but désiré, avions-nous le droit de jouir de la liberté ? N’étions-nous pas sujets à être rejetés dans les fers de l’esclavage ? Nous ne pouvions voir un seul endroit en deçà de l’océan où il nous fût possible d’être libres. Quant au Ca-