Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aussitôt au shérif, M. Joseph Graham, qui nous envoya en prison. On enferma Jean Harris, Henri Harris et moi dans une chambre ; Charles et Henri Bailey dans une autre. On avait pour but, en nous séparant, de nous empêcher de nous concerter ensemble.

Il y avait à peine vingt minutes que nous étions en prison, qu’il y arriva une multitude de marchands d’esclaves et d’agents employés par des personnes du même métier, pour nous examiner et pour s’assurer si on allait nous vendre. Je n’avais jamais vu auparavant une troupe de pareils individus. Il me sembla que j’étais entouré d’esprits malfaisants qui venaient de s’échapper de l’enfer. Jamais pirates n’eurent un air plus satanique. Ils se moquèrent de nous, et nous dirent, en faisant des grimaces : « Ah ! mes gaillards, nous vous avons attrapés, nous vous tenons, qu’en dites-vous ? » Après nous avoir insultés de différentes manières, ils commencèrent, l’un après l’autre, à nous examiner, afin de s’assurer de notre valeur respective. Ils nous demandèrent avec impertinence si nous ne serions pas charmés de les avoir pour maîtres ? Nous ne voulûmes leur faire aucune réponse ; voyant que nous ne leur répondions que par le silence du mépris, ils nous ac-