Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/158

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cablèrent d’imprécations, et jurèrent que si nous étions entre leurs mains, ils sauraient bientôt faire sortir de nous le diable qui nous possédait.

Nous trouvâmes notre séjour en prison bien moins désagréable que nous ne nous y étions attendus. On ne nous donnait pas beaucoup à manger, et ce qu’on nous donnait n’était pas très-bon ; mais au moins nous étions dans une chambre commode et propre, dont les fenêtres donnaient sur la rue, ce qui était bien préférable à un des cachots obscurs et humides. Tout bien considéré, nous n’avions à nous plaindre ni de la prison ni du geôlier. Aussitôt que les vacances furent passées, M. Hamilton et M. Freeland vinrent à Easton, contrairement à toutes nos prévisions, et firent sortir de prison Charles Roberts, les deux Harris et Henri Bailey, qu’ils emmenèrent chez eux, en me laissant seul. Je regardai cette séparation-là comme définitive. J’en éprouvai plus de chagrin que toute autre chose n’aurait pu m’en causer. J’étais prêt à tout, excepté à cette séparation. Voici comment je me rends compte de la conduite de MM. Hamilton et Freeland. Ils s’étaient sans doute consultés à ce sujet, et avaient décidé que, comme j’avais été l’instigateur des autres, à qui j’avais inspiré l’idée de prendre la