Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/159

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fuite, les innocents ne devaient pas payer pour le coupable. De là leur résolution de ramener les autres chez eux, et de me faire vendre pour servir d’avertissement à ceux qui restaient. Il faut dire à la louange du noble Henri qu’il quittait la prison avec autant de répugnance qu’il en avait montré à suivre les constables ; mais comme nous savions que nous serions probablement séparés si nous étions vendus, ce brave ami, voyant qu’il était en leur pouvoir, finit par consentir à s’en retourner paisiblement avec eux.

Me voilà donc abandonné à mon sort. Je me trouvai seul dans l’enceinte d’une prison. Quel changement soudain et accablant ! Quelques jours auparavant j’avais le cœur plein d’espoir, car je m’attendais à être bientôt en sûreté dans un pays, de liberté ; maintenant sombre et abattu, j’étais en proie au désespoir le plus profond ; je regardais la possibilité de devenir libre comme perdue à jamais ! Il y avait environ une semaine que j’étais dans cet état, lorsque mon maître, le capitaine Auld, à ma surprise extrême, vint me faire sortir de prison, et m’emmena avec lui dans l’intention de m’envoyer chez un monsieur qu’il connaissait en Alabama. Mais quelque raison inconnue lui ayant fait changer d’avis, il résolut de m’en-