Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/171

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que je me vois ainsi dans la nécessité de supprimer même une petite partie des faits qui se rapportent à mon expérience de l’esclavage. L’intérêt de ma narration en serait bien augmenté, si je pouvais satisfaire une curiosité qui existe, j’en suis certain, dans quelques esprits, en entrant dans le détail de toutes les circonstances relatives à ma fuite et à ma délivrance. Mais, sous certains rapports, le silence est un devoir, et à tout prix il faut le garder. J’aime cent fois mieux m’exposer aux accusations les plus injustes de la malveillance, que de faire, pour me disculper, certaines révélations, qui pourraient faire fermer l’issue la plus étroite par laquelle un seul de mes frères en esclavage aurait eu la moindre chance de s’enfuir et d’échapper aux horreurs d’un pareil sort.

Je n’ai jamais approuvé la publicité qu’ont donnée quelques-uns des abolitionnistes de l’ouest à leur système pour faciliter la fuite des esclaves des États-Unis au Canada. Ils l’appellent le chemin de fer souterrain, mais ce n’est plus un secret pour personne, à cause des déclarations qu’ils ont faites ouvertement. J’honore la bonté de ces hommes et de ces femmes, qui montrent un si noble courage : j’applaudis à leur résolution de s’exposer à une persécution sanglante, en avouant publiquement leur