Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/172

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participation à la fuite des esclaves. Mais en même temps, je ne vois guère en quoi une telle conduite est avantageuse, ni pour eux-mêmes ni pour les fugitifs ; en revanche, je suis tout à fait certain que ces déclarations publiques sont un mal réel pour les esclaves qui restent et qui aspirent à se sauver. Elles ne font rien pour instruire l’esclave, mais elles font beaucoup pour instruire le maître. Elles l’excitent à une vigilance plus active, elles augmentent son pouvoir de reprendre l’esclave fugitif. On doit quelque chose aux esclaves du sud aussi bien qu’à ceux du nord ; et en aidant ceux-ci sur le chemin qui mène à la liberté, il faut bien se garder de rien faire qui puisse empêcher ceux-là de fuir l’esclavage. Je désirerais qu’on s’appliquât à tenir le propriétaire impitoyable dans une ignorance complète des moyens de fuite employés par l’esclave. Je voudrais qu’on le laissât s’imaginer qu’il y a autour de lui des milliers d’adversaires invisibles qui sont toujours prêts à lui ravir sa proie tremblante, et à l’arracher de ses mains cruelles. Qu’il soit réduit à chercher à tâtons son chemin dans l’obscurité ; que d’épaisses ténèbres, proportionnées à son crime, l’entourent de toutes parts ; qu’il sente, à chaque pas qu’il fait en poursuivant un esclave, qu’il court le risque épouvantable qu’un coup frappé dans l’om-