Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/174

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partenait réellement ; de sorte que je me trouvais toujours plus mécontent après en avoir reçu une partie, car je craignais qu’il ne me donnât quelques centimes que pour tranquilliser sa conscience, et qu’ensuite il ne se regardât comme une espèce de voleur passablement honnête. Mon mécontentement allait sans cesse en augmentant. Je cherchais constamment dans mon esprit quelque moyen de fuite. Voyant que je ne pouvais en trouver un direct, je résolus de m’y prendre autrement et de tâcher de me louer en qualité d’ouvrier, à tant par semaine, afin de gagner ainsi assez d’argent pour exécuter mon projet. Au printemps de 1838, M. Thomas Auld vint à Baltimore, afin d’y acheter des marchandises. Je saisis une occasion favorable pour le prier de me laisser louer mon temps de cette manière. Il rejeta ma demande sans hésitation, et me dit que c’était un nouveau stratagème pour m’échapper. Il ajouta que je ne pourrais aller nulle part qu’il ne me reprît, et que si je me sauvais, il se donnerait toutes les peines du monde pour me rattraper. Il m’exhorta au contentement et à l’obéissance, et me dit que si je me conduisais bien, il aurait soin de moi. Il me conseilla de m’abstenir entièrement de penser à l’avenir, et de ne compter que sur lui pour mon bonheur. Il semblait profondément convaincu de la