Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/175

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nécessité impérieuse de subjuguer ma nature intellectuelle, afin de parvenir à être content, quoique dans l’esclavage. Mais malgré lui et malgré moi-même, je continuai de penser et de réfléchir à l’injustice de mon sort et aux moyens de fuite.

Au bout de deux mois environ, je m’adressai à M. Hughes, pour lui demander la permission de louer mon temps. Il ne savait pas que je me fusse adressé à M. Thomas ; il ignorait donc le refus de ce dernier. Il parut d’abord disposé à rejeter ma prière, mais après un moment de réflexion, il me proposa les conditions suivantes : J’aurais tout mon temps à moi ; je ferais mes arrangements comme bon me semblerait avec mes maîtres ; je me chargerais de trouver de l’emploi. En récompense de cette liberté, j’aurais à lui payer trois dollars à la fin de chaque semaine ; en outre, l’achat de mes outils de calfat, ma nourriture et mon habillement seraient à ma charge. Ma nourriture seule me coûtait deux dollars et demi par semaine. En ajoutant à cette somme ce qu’il me fallait pour l’entretien de mes habits, et l’achat de mes outils, ma dépense s’élevait régulièrement à environ six dollars par semaine. J’étais obligé de me procurer cette somme-là, ou bien de renoncer au privilège de louer mon temps. Qu’il plût ou qu’il fît beau temps, que je