Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/180

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que je ne manquerais pas de suivre ses conseils.

À la suite de cette conversation, tout alla fort bien ; le calme régnait autour de moi ; mais le trouble était dans mon cœur. Il m’est impossible de décrire mon agitation à mesure que le temps de ma fuite s’approchait. J’avais un grand nombre d’amis sincères à Baltimore, — amis auxquels j’étais attaché presque autant qu’à la vie, — et la pensée de me séparer d’eux à jamais me causait une peine inexprimable. Je suis d’avis qu’il y a dans l’esclavage des milliers de malheureux qui s’enfuiraient, et qui pourtant y restent, uniquement parce qu’ils sont retenus par les liens puissants qui les attachent à leurs amis. Oui, la pensée de cette séparation était la plus pénible qui m’occupât l’esprit, et donnait lieu à une lutte intérieure qui ébranlait ma résolution plus qu’aucune autre chose. Si j’avais à me reprocher quelque faiblesse, mon attachement pour eux en était cause. En outre, la crainte de ne pas réussir surpassait celle que j’avais ressentie lors de ma première tentative. L’échec décourageant que j’avais essuyé dans cette occasion me revenait à l’esprit et me tourmentait sans cesse. Je ne pouvais me faire illusion sur ma condition désespérée ; si je ne réussissais pas cette fois-ci, mon sort était