Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/193

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à boire ; j’étais étranger, et il m’a recueilli) habitait une maison plus propre, tenait une meilleure table, recevait, payait et lisait plus de journaux, comprenait mieux le caractère moral, religieux et politique de la nation en général — que les neuf dixièmes des propriétaires d’esclaves du comté de Talbot, Maryland. Cependant, M. Johnson n’était lui-même qu’un ouvrier. Il avait les mains endurcies au travail ; il en était de même de son épouse. Je trouvai dans les hommes de couleur beaucoup plus d’énergie et de résolution que je ne m’y étais attendu. Je remarquai parmi eux une ferme détermination de se protéger les uns les autres, sans s’inquiéter d’aucune espèce de risques ou de périls contre les tentatives des cruels voleurs d’hommes. Peu de temps après mon arrivée, on me raconta une circonstance qui faisait voir de quoi ils étaient capables. Un homme de couleur et un esclave fugitif avaient l’un pour l’autre des sentiments de haine. Quelqu’un entendit le premier menacer le dernier de faire connaître à son maître le lieu de son refuge. Aussitôt tous les hommes de couleur furent convoqués à une assemblée par une annonce stéréotypée, qui portait ces mots : Affaire d’importance. On invita le traître à y assister. Ceux qui étaient convoqués arrivèrent en foule à l’heure