Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/201

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contre l’infidélité au lien conjugal ? Hélas ! on y vend des hommes pour bâtir des églises, on y vend des femmes pour seconder la propagation de l’Évangile, on y vend des enfants pour acheter des bibles aux pauvres païens, et tout cela pour la gloire de Dieu et pour le bien des âmes !

La religion et le commerce des esclaves se donnent la main ! La prison de ces infortunés et l’église s’élèvent l’une à côté de l’autre ! Là, le bruit des chaînes ! ici celui des psaumes ! là, des gémissements et des malédictions ! ici des élans religieux et des prières solennelles. Les marchands qui trafiquent des corps et des âmes de leurs semblables, et les prédicateurs se prêtent un appui réciproque. Les premiers donnent leur argent, souillé de sang, pour soutenir la chaire ; les derniers en revanche jettent sur cet infernal négoce le voile du christianisme. Voilà comment on trouve ensemble l’esclavage et la piété, le vol et la religion ; les propriétaires d’esclaves et les prédicateurs de l’Évangile ! Quelle horrible alliance ! Quel contraste révoltant !

Le christianisme du sud des États-Unis de l’Amérique, je le répète, est indigne de ce nom, et l’on peut dire de ceux qui le professent comme on a autrefois dit des scribes et des pharisiens : « Ils