Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/21

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Ses intentions furent expliquées dans un discours d’adieu prononcé à Bristol, le 1er avril 1847, en présence d’un auditoire fort nombreux, qui écouta avec plaisir, avec intérêt et souvent avec admiration, les paroles tour à tour énergiques et touchantes de cet esclave éloquent, ou pour mieux dire de cet orateur extraordinaire.


Bristol, janvier 1848.

Frédéric Douglass s’embarqua à Liverpool, à bord du bateau à vapeur Cambria, pour les États-Unis, le 4 avril 1847. Il avait payé au bureau la somme demandée pour la principale chambre, et on lui avait fait la promesse formelle que sa couleur ne lui ôterait aucuns des avantages ou privilèges dont jouissent les passagers de première classe. Qu’on se figure sa surprise et sa juste indignation, lorsqu’après son arrivée à bord avec ses effets, les agents de la compagnie des bateaux à vapeur lui déclarèrent qu’il ne pouvait pas partir dans leur bâtiment à moins de consentir à renoncer à la place qu’il avait retenue, et de se résigner à manger tout seul ! Ils donnèrent pour raison de leur étrange conduite, que les passagers américains seraient offensés qu’un homme de couleur s’assît à la même table qu’eux, ou même qu’il occupât une chambre voisine. La bonté et les marques d’hospitalité qu’on avait prodiguées à M. Douglass en Angleterre, lui firent sentir plus vivement encore ce traitement aussi cruel qu’inattendu. Mais il n’y avait pas de remède à cette injustice criante, et il lui fallut s’y soumettre. En revanche, le brave capitaine eut la générosité de céder à M. Douglass ses propres appartements ; tous les journaux anglais s’unirent pour condamner l’indigne soumission de la