Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/29

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de Caïn qui puissent être tenus dans l’esclavage avec la sanction des Écritures saintes, il est certain que l’esclavage au sud ne peut manquer de devenir bientôt contraire aux Écritures saintes ; car il vient au monde chaque année des milliers de malheureux qui ont comme moi des pères blancs, pères qui, le plus communément, sont aussi leurs maîtres.

J’ai eu deux maîtres. Le premier se nommait Antoine. Je ne me rappelle pas son premier nom. On l’appelait ordinairement le capitaine Antoine ; — titre qu’on lui donnait sans doute parce qu’il commandait un petit bâtiment à voiles sur la baie de Chesapeack. On ne le regardait pas comme un homme riche. Il avait deux ou trois fermes et environ trente esclaves sous la direction d’un surveillant, qui se nommait Plummer. Ce M. Plummer était un misérable ivrogne, un jureur impie et un monstre farouche. Il était toujours armé d’un fouet fait de peau de vache et d’un gros et lourd bâton. Je l’ai vu couper et balafrer si horriblement le visage des femmes, que mon maître même se mettait en colère à cause de sa cruauté, et menaçait de le fouetter lui-même s’il ne se conduisait pas mieux. Mon maître n’était pas pourtant un propriétaire humain. Il fallait, pour toucher son cœur, une féro-