Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/53

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teurs, c’était lui que les esclaves redoutaient le plus. Sa présence produisait sur eux une impression pénible ; son regard les remplissait de confusion ; et il était rare qu’ils entendissent sa voix aiguë et perçante, sans qu’elle répandît parmi eux l’inquiétude et l’horreur.

M. Gore était grave, et, quoique jeune, il ne se laissait jamais aller à la plaisanterie ; il ne disait jamais un mot pour rire, et il ne souriait que rarement. Ses paroles s’accordaient parfaitement avec son air, et son air avec ses paroles. Quelquefois les inspecteurs laissent échapper une remarque plaisante, même en s’adressant aux esclaves ; il n’en était pas ainsi de M. Gore. Il ne parlait que pour ordonner, et n’ordonnait que pour être obéi. Il était économe de ses paroles, libéral de coups de fouet ; et il ne se servait jamais des premières lorsque les derniers pouvaient suffire. Lorsqu’il fouettait, il semblait le faire par un sentiment de devoir, et ne pas en redouter les suites. Il ne faisait rien avec répugnance, quelque désagréable que fût la besogne ; il était toujours à son poste, et il n’y avait jamais rien d’inconséquent dans sa conduite. Il ne promettait jamais, s’il ne pouvait pas remplir sa promesse. En un mot, c’était un homme doué de la fermeté la plus inflexible et de la froideur la plus