Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/56

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s’il n’est pas mort, il l’habite encore probablement ; et dans ce cas-là, on l’estime et on le respecte autant que s’il n’avait pas trempé ses mains dans le sang de son frère.

C’est après une mûre délibération que je parle, quand je déclare que le meurtre d’un esclave ou d’un homme de couleur n’est traité comme un crime, ni dans les cours de justice, ni par la société, dans le comté de Salbot-Maryland. Les faits ne manquent pas pour le prouver. M. Thomas Lamnan, de Saint-Michel, avait tué deux esclaves, l’un des deux d’un coup de hache, en lui faisant sauter la cervelle. Il avait l’habitude de se vanter d’avoir commis ce forfait épouvantable. Moi-même je lui ai entendu dire, en riant, qu’il était le seul bienfaiteur de sa patrie dans la société, et que quand les autres en auraient fait autant que lui on serait débarrassé « de ces….. de nègres. »

La femme de M. Giles Nicks, qui demeurait à une petite distance de ma demeure, tua la cousine de ma femme, jeune fille, âgée de quinze à seize ans, en lui mutilant le corps de la manière la plus affreuse. Elle lui cassa le nez et lui brisa la poitrine avec un bâton, de sorte que la pauvre fille expira quelques heures après. Elle fut enterrée immédiatement, mais il n’y avait pas longtemps qu’elle était