Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/65

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sur la colline de London-Slater, M. Rich, un des hommes de l’équipage, me mena à ma nouvelle demeure dans la rue d’Alliciana, près du chantier de construction de M. Gardner, sur la pointe de Fell.

M. et Mme Auld étaient tous deux à la maison, et vinrent me recevoir à la porte, avec leur petit garçon Thomas, dont j’étais destiné à prendre soin. Je vis alors ce que je n’avais jamais vu auparavant ; un visage blanc où brillait l’expression des émotions les plus bienveillantes ; c’était le visage de ma nouvelle maîtresse, Sophie Auld. Je voudrais pouvoir décrire le transport de joie qui s’empara de mon âme en la regardant. Vue nouvelle et étrange ! qui répandait sur ma route la lumière du bonheur. On dit au petit Thomas : « Voilà ton Frédéric ! » et on me chargea de prendre soin de lui. J’entrai donc dans l’exercice des fonctions qui m’étaient assignées dans ma nouvelle demeure, avec une perspective enchanteresse.

Je regarde mon départ de la plantation du colonel Lloyd comme un des événements les plus intéressants de ma vie. Il est possible, et même probable, que si je n’avais pas été transporté de là à Baltimore, je serais encore aujourd’hui chargé des chaînes dégradantes de l’esclavage, au lieu d’être assis ici devant ma propre table, dans la pleine jouissance de