Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blancs que je rencontrais dans les rues. Je faisais des instructeurs de tous ceux que je pouvais. Enfin, grâce à la bonne assistance qu’ils m’accordèrent à différentes époques, et en différents endroits, je parvins à apprendre à lire. Lorsqu’on m’envoyait en commission, je prenais toujours mon livre avec moi, et, en courant une partie de la route, je trouvais toujours le temps de prendre une leçon avant mon retour. En outre, j’avais l’habitude d’emporter du pain avec moi, car il y en avait toujours assez dans la maison, et on ne m’en refusait jamais ; sous ce rapport-là, je me trouvais beaucoup mieux traité que bien des pauvres enfants blancs du voisinage. Ce pain, je le donnais à ces pauvres petits affamés, qui, en récompense, me donnaient le pain plus précieux de l’instruction. J’éprouve une forte tentation de faire connaître les noms de deux ou trois de ces petits garçons, comme preuve de l’affection et de la reconnaissance que je leur porte ; mais la prudence me le défend. Assurément, cela ne pourrait me faire aucun mal à moi personnellement ; mais il pourrait en résulter pour eux quelque contrariété ; car c’est un crime presque impardonnable dans ce pays chrétien que d’enseigner à lire aux esclaves. Il suffit de dire de ces chers petits, qu’ils demeuraient dans la rue de Philpolt,