Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/84

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lais apprendre à écrire, car il n’était pas impossible que j’eusse à écrire mon propre passe-port. Je me consolais par la pensée que je trouverais un jour l’occasion tant désirée. En attendant, je voulais apprendre à écrire.

Voici comment me vint l’idée de la manière dont je pouvais apprendre à écrire. Lorsque j’étais dans le chantier de Durgin et Bailey, je voyais souvent les charpentiers, après avoir taillé et préparé un morceau de bois, le marquer en y inscrivant le nom de la partie du vaisseau à laquelle il était destiné. Lorsqu’il était préparé pour le bâbord, on le marquait ainsi : — « B » ; pour le tribord, — « T » ; pour le bâbord d’avant — « B, A » ; et ainsi de suite. J’appris bientôt le nom de ces lettres et ce qu’elles signifiaient, quand on les traçait sur les morceaux de bois dans le chantier. Je me mis aussitôt à les copier, et en bien peu de temps je parvins à les écrire. Ensuite, quand je rencontrais un garçon qui savait écrire, je lui disais que je savais écrire aussi bien que lui. La réponse immanquable était : « Je ne te crois pas. Que je te voie essayer. » J’écrivais alors les lettres que j’avais eu le bonheur d’apprendre à former, et je le défiais de surpasser cela. De cette manière-là, je reçus bien des leçons d’écriture que je n’aurais probablement pas eues autrement.