Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/85

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Pendant tout ce temps-là, je me servais, en guise de cahier, d’une palissade, d’un mur de briques et du pavé ; un morceau de craie me tenait lieu de plume et d’encre. Ce fut principalement à l’aide de ces objets que j’appris à écrire. Je m’appliquai ensuite à copier les lettres italiques dans l’abécédaire de Webster, jusqu’à ce que je me sentisse capable de les écrire toutes sans regarder le livre. Dans l’intervalle, mon jeune maître Thomas était allé en pension. Il avait appris à écrire, et s’était exercé dans un grand nombre de cahiers, qu’on lui avait fait apporter à la maison pour les montrer à quelques voisins, et qu’on avait ensuite mis de côté. Ma maîtresse avait l’habitude d’aller, tous les lundis après midi, à une réunion religieuse dans Wilk street, et me chargeait alors d’avoir soin de la maison. Profitant de ce que j’étais seul, je passais mon temps à copier ce que le petit Thomas avait écrit dans les espaces vides de son cahier. Je continuai à étudier ainsi jusqu’à ce que je fusse parvenu à écrire à peu près aussi bien que mon jeune maître. De cette manière, après de longs et ennuyeux efforts pendant plusieurs années, je réussis à apprendre à écrire.