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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

XIX

LA CRÉCERELLE. — LE MILAN. — LES BUSES

Paul. — La crécerelle ou émouchet appartient au genre faucon, comme l’atteste la fine dent placée de chaque côté de la pointe du bec. C’est un assez bel oiseau, de la taille d’un pigeon, roux et lâcheté de noir. La queue, barrée de noir, a l’extrémité blanche. Le bec est bleu, les pattes sont jaunes. La crécerelle est l’oiseau de proie le plus répandu et le plus fréquent au voisinage des habitations. Elle se complaît sur les vieux châteaux, les hautes tours, les clochers. On la voit voler infatigable autour de ces édifices avec un cri perçant pli, pli, pli, pri, pri, pri, qu’elle jette pour effrayer les moineaux établis dans les trous de muraille et les saisir au vol. Elle plume soigneusement les petits oiseaux capturés avant de les manger ; mais elle a un autre genre de proie qui lui donne moins de peine : c’est la souris, qu’elle va saisir jusque dans les greniers ouverts ; c’est le mulot gras et savoureux, qu’elle épie de haut en faisant le Saint-Esprit, c’est-à-dire en se maintenant immobile au même point de l’air, la queue et les ailes gracieusement déployées. Que fera-t-elle de sa capture ? Va-t-elle l’écorcher par mesure de propreté, comme elle plume le moineau ? Non, la souris et le mulot sont morceaux friands dont la crécerelle veut profiter jusqu’à la dernière goutte de suc. Le rongeur est avalé tel quel, tout entier s’il est petit, par quartiers s’il est trop gros. La digestion faite, la peau et les os sont rejetés par le bec, roulés en pelotes, à la mode des hiboux.

La crécerelle niche dans les vieilles tours, les masures, les creux de rocher. Son nid, fait de bûchettes et de racines, contient quatre ou cinq œufs couleur de rouille, marbrés de raies brunes.

Le milan se distingue de tous les autres oiseaux de proie par sa queue large et fourchue, ses ailes très longues, ses doigts et ses ongles peu robustes, son bec trop faible pour sa taille, supérieure à celle du faucon. Ce défaut d’armes con-