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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

venables en fait un oiseau poltron à l’excès, que le moindre danger alarme, qu’une simple corneille met en fuite.

Pressé par la faim, il se risque cependant au voisinage des colombiers et des basses-cours pour saisir les pigeonneaux et les poussins. Heureusement la poule, si elle a le temps de rassembler sa couvée sous ses ailes, l’intimide par sa seule colère. À défaut de volaille, le maraudeur, exécration des ménagères de la campagne, attaque les reptiles, les rats, les mulots, les campagnols. Au besoin même, il s’abat sur la charogne, le mouton crevé, le poisson pourri.

Déployées, les ailes du milan mesurent plus d’un mètre et demi. Rien d’admirable comme le vol de cet oiseau. Lorsqu’il décrit ses longs circuits dans l’immensité de l’air, on dirait qu’il nage, qu’il glisse mollement ; puis, tout à coup, il arrêteMilan.
Milan.
son essor et reste suspendu à la même place des quarts d’heure durant, soutenu par une invisible trépidation d’ailes.

Le milan est roux foncé sur le dos, couleur de rouille à la poitrine et au ventre, avec la tête blanchâtre, et les grosses plumes des ailes noires. Son cri ressemble au miaulement du chat. Il construit son nid sur les grands arbres, plus souvent encore dans le creux d’un rocher. Ses œufs, ordinairement au nombre de trois, sont d’un blanc virant au jaune sale, et mouchetés d’un petit nombre de taches irrégulières brunes.

Les busards ont pour signe caractéristique une collerette demi-circulaire de fines plumes tassées, qui s’étend de chaque côté de la face, depuis le bec jusqu’à l’oreille, et ressemble assez bien à l’encadrement des yeux de la chouette. Par la poitrine évidée, la jambe haute, l’aile longue, la queue plus longue encore, ils ont quelque chose de la physionomie et de l’allure des faucons ; par leur grosse tête et les collerettes de la face, ils se rapprochent des rapaces nocturnes. Les busards