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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

font. C’est maintenant à vous de compléter ces trop courtes notions par l’observation des faits qui journellement se passent sous vos yeux. Ne dédaignez pas de donner un coup d’œil attentif à la buse qui, juchée sur une motte, attend patiemment le mulot ; à la crécerelle qui vole en criant autour du clocher et fond tantôt sur la souris, tantôt sur le moineau ; au milan qui plane immobile dans le bleu du ciel ; vous trouverez dans les traits de mœurs recueillis par vous-mêmes d’abord la satisfaction de l’esprit, toujours avide de savoir, et, par surcroît, des renseignements très utiles aux intérêts de l’agriculture.

Jules. — Il me semble, mon oncle, que vous avez oublié les oiseaux de proie les plus communs, les corbeaux.

Paul. — Les corbeaux ne sont pas des oiseaux de proie ; ils n’ont pas le bec crochu, les serres prenantes, les ongles acérés et recourbés des oiseaux faits pour vivre de rapine. Je vous en parlerai demain.

XX

LE CORBEAU

Paul. — Le plumage noir et la conformité de tournure sont cause que nous confondons d’habitude sous le nom de corbeau plusieurs espèces différentes. Le corbeau proprement dit, le vrai corbeau, est ce gros oiseau tout noir, de la taille du coq, qui, de sa grosse voix enrouée, dit lentement crau, crau, crau. C’est lui qui s’est valu auprès des enfants tant de réputation depuis la fameuse fable le Corbeau et le Renard.

Émile. — Oui, je sais ; vous voulez parler de maître corbeau qui, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Où l’avait-il pris, ce fromage ?

Paul. — L’histoire se tait sur ce grave sujet. Mon avis serait qu’il l’avait volé sur quelque fenêtre où la fermière le laissait sécher dans un corbillon de jonc.

Émile. — Le renard dit bonjour à Monsieur du Corbeau. Il loue son plumage :

Que vous êtes gentil, que vous me semblez beau !