Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

au gré de l’oiseau, se couchent en arrière ou se dressent sur la tête et s’étalent en une élégante crête. Le reste du plumage est d’un roux vineux, excepté la queue et les ailes, qui sont noires. Les ailes sont en outre ornées de bandes transversales blanches.

La huppe est de la grosseur d’une tourterelle. Elle vit solitaire, se plaît à terre et perche rarement, si ce n’est sur les branches inférieures des arbres. Ses lieux de prédilection sont les prairies humides, qu’elle parcourt d’un pas grave, en déployant de temps à autre sa belle crête, soit de satisfaction pour avoir trouvé un morceau qui lui plaît, soit de surprise pour la moindre alerte, car elle est très craintive. De son long bec elle fouille le sol pour en tirer des vermisseaux, des scarabées, des courtilières ; ou bien elle cueille les fourmis avec sa langue visqueuse. Repue, elle va à l’écart digérer à l’aise sur quelque basse branche. Au temps de la pariade, elle dit : pou, pou ; de là vient sans doute le nom de puput, qu’on lui donne vulgairement.

On l’appelle encore coq puant, à cause de l’infecte malpropreté de son nid. La huppe, de parure si élégante, n’est pas bien zélée pour la tenue de son logis, situé tout au fond d’un tronc d’arbre carié. Elle enduit la cavité d’un mortier fétide composé de glaise et de bouse, et dispose par-dessus une couchette de feuilles sèches et de mousses. Ce nid profond, de curage difficile, exigerait d’être journellement nettoyé des immondices des jeunes. La huppe n’en fait rien ; elle laisse l’ordure s’accumuler jusqu’à former un rempart tout autour du nid. Ce système de retranchement excrémentiel peut être une excellente mesure contre le dénicheur, qui n’oserait plonger la main dans cette infection, aussi je ne veux pas trop blâmer l’oiseau de sa puante manière de bâtir.

La huppe ne reste chez nous que la belle saison. Vers le mois de septembre, elle traverse la Méditerranée et va passer l’hiver sous le ciel plus chaud de l’Afrique.