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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

détruire. Le mal n’est qu’apparent. Quand elles épluchent un bourgeon, c’est pour atteindre quelque petite larve logée entre les écailles, et non les jeunes feuilles ou les fleurs en bouton. Mieux vaut que ce bourgeon véreux disparaisse ; il n’aurait rien produit, et l’ennemi qu’il loge laisserait sa descendance pour ravager l’arbre l’année d’après.

Louis. — Les mésanges ne se nourrissent donc pas de matières végétales ?

Paul. — Nullement, si ce n’est parfois de quelques semences, comme le chènevis. Il leur faut une nourriture animale. Les petits insectes de toute espèce, leurs œufs et leurs larves conviennent aux mésanges avant tout. Leur goût pour la proie est si vif, qu’elles ont l’audace d’attaquer les petits oiseaux affaiblis ou pris aux pièges, pour leur faire sauter le crâne à coups de bec et en manger voluptueusement la cervelle. Il est vrai que les mésanges sont des oiseaux de grand courage malgré leur faible taille, très vifs, hargneux, querelleurs, vrais petits ogres en temps de famine. Leur bec est conique, robuste, court et pointu ; leurs doigts sont armés d’ongles recourbés, semblables à ceux des oiseaux de proie et doués de la faculté de saisir. L’oiseau met à profit cette faculté pour tenir sa nourriture et la porter au bec avec la patte, comme le font les perroquets.

Après les couvées, les mésanges se réunissent par bandes composées d’une ou deux familles et voyagent de compagnie par petites étapes. Ces compagnies paraissent être conduites par un chef, le père ou la mère apparemment ; elles se rappellent sans cesse d’un arbre à l’autre, se réunissent un instant, puis se dispersent encore pour se rapprocher de nouveau au cri d’appel du chef de bande. Leur vol est court, incertain, léger. Elles se répandent dans les forêts, les jardins, les champs, les vergers, passant l’inspection des arbres et des buissons, cueillant adroitement les larves et les insectes, s’accrochant des griffes à l’extrémité des roseaux flexibles et chassant dans toutes les attitudes.

Le genre mésange est nombreux en espèces. Nous en avons huit dans nos pays. Je vous parlerai seulement des principales.

La mésange charbonnière est la plus grande ; sa faille est celle du rouge-gorge. Elle est d’un gris bleuâtre sur le dos et jaune en dessous. La tête est d’un beau noir lustré ; une