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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

compose, en outre, de petits rameaux tordus et de fines racines entrelacées. La couche intérieure est richement garnie de laine, de duvet, de crin. Les autres pies-grièches font usage des mêmes matériaux, notamment de l’immortelle à bourre blanche.

XXVII

LES MÉSANGES

Paul. — Enfin voici des échenilleurs sur le compte desquels ne court aucun sérieux reproche. Et d’abord les mésanges.

Ce sont de gracieux petits oiseaux vifs et pétulants, toujours en action, qui voltigent sans cesse d’arbre en arbre, en visitent soigneusement les branches, se suspendent à l’extrémité des plus faibles rameaux, s’y maintiennent dans toutes les positions, souvent la tête en bas, et suivent le balancement de leur flexible support sans lâcher prise, sans discontinuer leur visite des bourgeons véreux, qu’ils mettent en pièces pour en extraire les vermisseaux et les œufs inclus. On calcule qu’une mésange consomme par an trois cent mille œufs d’insectes ; il est vrai qu’elle doit suffire aux besoins d’une famille comme on en trouve très peu d’aussi nombreuses. Vingt oisillons et plus â nourrir à la fois dans le même nid ne sont pas une charge trop forte pour son activité. C’est alors qu’il faut en visiter des bourgeons et des gerçures d’écorce, pour trouver larves, araignées, chenilles, vermisseaux de toute espèce et donner à manger à vingt becs toujours bâillant de faim au fond du nid. La mère arrive avec une chenille : la nichée est en émoi, vingt becs s’ouvrent ; un seul reçoit le morceau, dix-neuf attendent. La mésange sort à l’instant pour une autre expédition ; elle revient, repart, infatigable, et quand le vingtième est repu, le premier depuis longtemps recommence à bâiller de faim. Je vous laisse à penser ce qu’un pareil ménage consomme de vermine en un jour. Aussi vous recommanderai-je hautement les mésanges comme ferventes échenilleuses de nos arbres fruitiers. On leur reproche, je le sais, d’ouvrir les bourgeons et de les