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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

tromper jamais sa confiance lorsque, par une âpre journée de neige, il vient discrètement frapper du bec aux vitres et demander l’hospitalité. Accueillez le pauvre petit affamé ; il vous le rendra au centuple par son doux gazouillement et son ardeur à protéger les biens de la terre.

Mais en voilà suffisamment sur les becs-fins. Au point où nous en sommes arrivés, vous devez très bien comprendre de quel immense intérêt sont pour l’agriculture ces légions de mangeurs d’insectes, qui se partagent le travail dans les champs, les haies, les prairies, les jardins, les bois, les vergers, et font une guerre continuelle à toute espèce de vermine, terrible engeance qui détruirait les récoltes si d’autres que nous n’y veillaient assidûment, d’autres plus habiles, mieux doués en finesse de vue et patience de recherche, et n’ayant pas autre chose à faire. Je n’exagère pas, mes petits amis ; sans les oiseaux insectivores, la famine nous décimerait. Qui donc alors oserait, à moins d’être un idiot destructeur, toucher aux nids de ces oiseaux du bon Dieu, qui égayent la campagne de leur ramage et nous défendent contre le dévorant fléau de l’insecte ? Il y a, je le sais, il y a de féroces gamins qui, s’ils peuvent manquer l’école, ennuyés du livre et de la leçon, se font un passe-temps de grimper aux arbres, de visiter les haies pour dénicher les oisillons, qui misérablement périssent, et les œufs, piteusement écrasés. Ces maudits, le garde champêtre les surveille, et la loi les frappe de toutes ses rigueurs, afin que, défendu par l’oiseau, le champ continue à produire ses gerbes et le verger ses fruits.

XXXIII

LES GRANIVORES

Paul. — Autant je viens d’être sévère envers les destructeurs d’oiseaux insectivores, autant, à ne consulter que les premières apparences, je devrais être indulgent pour ceux qui donnent la chasse aux granivores. Ces oiseaux, voués au régime végétal, ne sont-ils pas nuisibles aux récoltes, ne picorent-ils pas dans les champs de céréales, ne prélèvent-ils