Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

placé sous une motte de gazon, parmi les tas de pierres, ou bien dans les trous de petits murs secs. Il se compose de mousse, de gramens et de plumes. Ses œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont d’un bleu pâle. Les terres de prédilection des motteux sont les plateaux arides et rocailleux ; c’est là qu’on les voit par nombreuses bandes, en automne, voler d’une roche à l’autre, d’une motte à l’autre, en rasant le sol.

À côté des motteux mettons le traquet, petit oiseau vif et remuant, qu’on voit toujours perché sur le plus haut rameau d’un buisson, d’une ronce, d’où il répète en frétillant : ouistratra, ouistratra. Si de cet observatoire il découvre un insecte sur le sol, il s’élance, le saisit et remonte aussitôt à son perchoir par un petit élan en ligne courbe, à la manière des pies-grièches. Son plumage est brun, avec la poitrine rousse et la gorge noire. Les côtés du cou, l’aile et le croupion sont ornés de blanc. Les traquets fréquentent les baies qui bordent les champs ensemencés et les pâturages secs ; on ne les voit jamais, pas plus que les motteux, dans les terres humides des bords des rivières. Pour construire leurs nids et déposer leurs cinq ou six œufs d’un bleu verdâtre, ils choisissent les racines des buissons, les crevasses des rochers, les tas de pierres.

Je me ferais un crime d’oublier ici le rouge-gorge, à mon sens le plus gracieux de nos petits oiseaux par sa mine éveillée, son regard doux, sa curiosité familière qui le fait venir ramasser les miettes du berger trempant son pain dans l’eau claire d’une fontaine. C’est le plus matinal des chanteurs. Dès l’aube, il fait entendre le cliquetis de ses notes précipitées, ou se livre à de légères modulations qui rappellent quelques passages du chant du rossignol. Qui ne connaît son cri d’alerte lancé des profondeurs d’un buisson touffu : trît, tirititit, tirit, tirititit, et son cri d’appel au passage de quelqu’un des siens : uip, uip !

Le rouge-gorge a le dessus d’un brun olivâtre, la gorge et la poitrine d’un roux ardent, le ventre blanc. Il niche dans les fourrés les plus épais des bois, parmi les racines moussues des arbres. Son nid, composé de feuilles, de crin, de bourre et de plumes, contient de cinq à sept œufs blanchâtres, tachetés de roux.

En hiver, le rouge-gorge abandonne sa forêt natale, se rapproche des fermes et vient chercher sa nourriture jusque dans les habitations. Dieu vous garde, mes petits amis, de