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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

moineau. Voilà, certes, un décidé mangeur de graines. Il maraude dans les colombiers et les basses-cours et pille leur manger aux pigeons et à la volaille ; il moissonne avant nous les champs de céréales voisins des habitations. Bien d’autres méfaits sont à sa charge. Il dévalise les cerisiers, il picore dans les jardins, il fourrage les semis qui lèvent, il se rafraîchit avec les jeunes laitues et les premières feuilles des petits pois. Mais vienne la saison des œufs, et l’effronté pillard se convertit en un auxiliaire comme il y en a peu. Vingt fois par heure au moins, le père et la mère, à tour de rôle, apportent la becquée aux petits, et chaque fois le menu se compose tantôt d’une chenille, tantôt d’un insecte assez gros pour exiger d’être partagé en quartiers, tantôt d’une larve grasse à lard, tantôt d’une sauterelle ou d’autre gibier encore. En une semaine, la nichée consomme environ trois mille insectes, larves, chenilles, vermisseaux de toute espèce. J’ai compté, mes amis, autour d’un seul nid de moineau, les débris de sept cents hannetons, non compris les petits insectes, vraiment innombrables. Voilà les victuailles qu’il avait fallu pour élever une seule couvée. Que détruisent donc en vermine toutes les nichées d’une commune ! Après de tels services, donne la chasse aux moineaux qui voudra ; pour moi, je les laisse en paix tant qu’ils ne deviennent pas trop incommodes.

Ma conclusion est celle-ci : mangeurs de grains et mangeurs d’insectes, gros-becs et becs-fins, qui plus, qui moins, nous viennent tous en aide. Paix donc aux petits oiseaux, joie de la campagne et sauvegarde des récoltes.

XXXIV

COULEUVRES ET LÉZARDS

Paul. — Je me propose aujourd’hui de prendre la défense des reptiles, classe de réprouvés, objets d’horreur pour la plupart d’entre nous et voués à l’exécration générale. Je vous ai montré quels services nous rendent les chauves-souris, malgré la répugnance quelles nous inspirent ; dans ces ani-