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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

dans le même trou, où ils s’endorment pêle-mêle, roulés on boule au milieu de provisions de noix, d’amandes et de noisettes qu’ils ont la précaution de faire en temps opportun.

Émile. — Puisqu’ils dorment, ils n’ont pas besoin de provisions.

Paul. — Pardon, mon petit ami : ils en ont besoin, et grandement besoin : non alors qu’ils dorment, mais à leur réveil. Ce réveil a lieu au premier printemps, quand le soleil commence à devenir chaud. À ce moment de l’année, il n’y a pas encore de fruits ; et les lérots, qui viennent de subir un jeûne de plusieurs mois, doivent avoir un appétit qu’il vousLérot.
Lérot.
est facile d’imaginer. Que deviendraient-ils, les pauvres, sans leur provision de noisettes !

Émile. — Ils sont bien prudents, ces petits lérots ; ils savent qu’à la fin de leur sommeil d’hiver, ils ne trouveront pas de fruits dans la campagne, et ils s’amassent de quoi manger à ce moment. Pourquoi ne font-ils pas provision de poires et de pommes, puisqu’ils aiment tant ces fruits ?

Paul. — Parce que les pommes et les poires se gâtent, tandis que les amandes et les noisettes se conservent très bien.

Émile. — C’est vrai, je n’y songeais pas, et le petit lérot y songe.

Paul. — Il n’y songe pas davantage. Il ne sait pas que les poires se gâtent et que les noix se conservent, puisqu’il ne l’a jamais expérimenté ; il ne prévoit pas qu’à son réveil les arbres, loin de porter des fruits, auront à peine leurs pre-