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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

mières feuilles ; il ignore combien de temps il lui faudra attendre pour trouver une poire à ronger ; il ne connaît rien de toutes ces choses qu’il va expérimenter peut-être pour la première fois. Un autre y songe pour le lérot et lui inspire la prudence d’amasser des noisettes dans un trou de muraille ; un autre, qui sait tout, prévoit tout, connaît tout. C’est Dieu, père de l’homme, qui plante le poirier ; mais père aussi du petit lérot, qui aime tant les poires.

XV

LES HIBOUX

Paul. — Nous venons de donner un rapide coup d’œil aux divers rongeurs de nos pays, nuisibles aux récoltes. Je passe sous silence le gentil écureuil, ami des noix et de la faîne ; l’industrieux castor, espèce dont on trouve quelques rares représentants sur les rives du Rhône ; le lièvre et le lapin, que j’abandonne volontiers an plomb du chasseur. Qui protégera les champs contre la dent funeste des autres : rats, mulots et campagnols ? Qui mettra des limites à leur excessive multiplication ? Dans nos demeures, nous avons le chat ; au dehors, nous avons l’armée auxiliaire des chats emplumés, des oiseaux de proie nocturnes. Je diviserai ces derniers en deux catégories, pour faciliter le moyen de reconnaître les diverses espèces. Les uns ont la tête armée de deux aigrettes de plumes : ce sont les hiboux ; les autres ont la tête dépourvue de cet ornement : ce sont les chouettes.

Le plus fort des hiboux est le grand-duc. « On le distingue aisément, dit Buffon, à sa grosse ligure, à son énorme tête, aux larges et profondes cavernes de ses oreilles, aux deux aigrettes qui surmontent sa tête et sont élevées de plus de deux pouces et demi ; à son bec court, noir et crochu ; à ses grands yeux fixes et transparents ; à ses larges prunelles noires environnées d’un cercle de couleur orangée ; à sa face entourée de poils, ou plutôt de petites plumes blanches, décomposées, qui aboutissent à une circonférence d’autres petites plumes