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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

plume. Les yeux, également enfoncés, sont bruns et environnés de petites plumes grises.

L’expression de hulotte dérive du mot latin ululare, hurler à la manière du loup ; dans le terme de chat-huant se trouve notre verbe huer, qui traduit une idée analogue. La hulotte est, en effet, remarquable par son cri, qui ressemble assez au hurlement du loup.

Lorsque, au déclin d’une sombre journée d’hiver, la brise fouette la neige et gémit entre les arbres, un effroyable cri, lugubrement prolongé, s’élève dans l’obscure épaisseur des bois : houhoû, houhoû, houhouhoû. Alors, dans la chaumière isolée, la mère se signe de frayeur ; les enfants se serrent Effraie.
Effraie.
contre elle, pleurant et disant : « Le loup est là. » — Rassurez-vous, bonnes gens, ce n’est pas le loup, c’est la hulotte qui houhoule, qui jette son cri de guerre du haut de quelque chêne caverneux et s’apprête pour sa ronde de nuit.

Pendant la belle saison, la hulotte habite les bois. Elle chasse de préférence les mulots et les campagnols, qu’elle avale tout entiers et dont elle rejette ensuite la peau et les os, roulés en pelotes. Les petits oiseaux, qui la harcèlent pendant le jour avec tant de furie, quand ils ont la joie de la surprendre en plein soleil, ne sont pas à l’abri de son bec, si l’oiseau nocturne peut les surprendre en les effrayant de son terrible houhoû. Tenez-vous bien tranquilles dans vos cachettes, pinsons, rouges-gorges et mésanges, sans vous trahir par la frayeur ; laissez hurler la chouette, ou nous êtes perdus.

Si la chasse dans la campagne devient peu fructueuse, la