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Ansin charro la fablo antico
Per nous counséia la pratico
Di sarro-piastro, urous de nousa li courdoun
De si bourso. — Que la coulico
Rousiguè la tripaio en aqueli coudoun ! [1]

Me fai susa, lou fabulisto,
Quand dis que l’ivèr vas en quisto
De mousco, verme, gran, tu que manges jama
De blad ! Que n’en fariès, ma fisto !
As ta fon melicouso e demandes rèn mai[2].

Que t’enchau l’ivèr ! Ta famiho
A la sousto en terro soumiho,
E tu dormes la som que n’a ges de revei ;
Toun cadabre toumbo en douliho.
Un jour, en tafurant, la fournigo lou vèi[3].

De ta magro péu dessecado
La marriasso fai becado ;
Te curo lou perus, te chapouto à mouceu,
T’encafourno pèr car-salado,
Requisto prouvisioun, l’ivèr, en tèms de nèu[4].

III


Vaqui l’istori veritablo
Bèn liuen dòu conte de la fablo.

  1. Ainsi parle la fable antique — pour nous conseiller la pratique — des grippe-sous, heureux de nouer les cordons — de leurs bourses… Que la colique — ronge les entrailles à ces sots !
  2. Il m’indigne, le fabuliste, — quand il dit que l’hiver tu vas en quête — de mouches, vermisseaux, grains, toi qui ne manges jamais. — Du blé ! Qu’en ferais-tu, ma foi ! — Tu as ta fontaine mielleuse, et tu ne demandes rien de plus.
  3. Que t’importe l’hiver ! Ta famille — à l’abri sous terre sommeille, — et tu dors le somme qui n’a pas de réveil. — Ton cadavre tombe en loques. — Un jour, en furetant, la fourmi le voit.
  4. De ta maigre peau desséchée — la méchante fait curée ; — elle te vide la poitrine, elle te découpe en morceaux, — elle t’emmagasine pour salaison, — provision de choix, l’hiver, en temps de neige.