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volumineux : la romaine accusa seize kilogrammes. Or la toiture d’où il provenait était couverte de pareils blocs, contigus l’un à l’autre, sur une étendue de soixante-dix tuiles. En ne prenant que la moitié du poids pour faire la balance entre les plus gros amas et les plus petits, on trouve à la construction de l’hyménoptère le poids total de 560 kilogrammes. Et encore m’affirme-t-on avoir vu mieux dans le hangar de mon voisin. Laissez faire l’abeille maçonne lorsque l’endroit lui plaît, laissez accumuler les travaux de nombreuses générations, et tôt ou tard la toiture s’effondrera sous la surcharge. Laissez vieillir les nids, laissez-les se détacher par fragments lorsque l’humidité les aura pénétrés, et il vous tombera sur la tête des moellons à vous briser le crâne. Voilà le monument d’un insecte bien peu connu[1].

Pour le but principal que je me proposais, ces

  1. Il est si peu connu que j’ai fait grave erreur en m’occupant de lui dans le premier volume de ces Souvenirs. Sous ma dénomination erronée de Chalicodoma sicula, sont comprises en réalité deux espèces, l’une nidifiant dans nos habitations, en particulier sous les tuiles des hangars, l’autre nidifiant sur les rameaux des arbustes. La première espèce a reçu divers noms, qui sont, dans l’ordre de priorité : Chalicodoma pyrenaica Lep. (Megachile) ; Chalicodoma pyrrhopeza Gerstäcker ; Chalicodoma rufitarsis Giraud. Il est fâcheux que le nom ayant pour lui la priorité se prête au malentendu. J’hésite à qualifier de pyrénéen un insecte bien moins fréquent dans les Pyrénées que dans la région. Je l’appellerai Chalicodome des hangars. Ce nom est sans inconvénient aucun dans un livre où le lecteur préfère la clarté aux exigences de l’entomologie systématique. La seconde espèce, celle qui fait son nid sur les rameaux, est le Chalicodoma rufescens J. Pérez. Pour les mêmes motifs, je l’appellerai Chalicodome des arbustes. Je dois ces corrections à l’obligeance du savant professeur de Bordeaux, M. J. Pérez, si versé dans la connaissance des hyménoptères.