Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

I

L’HARMAS


C’est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères. Là, sans crainte d’être troublé par les passants, je pourrais interroger l’Ammophile et le Sphex, me livrer à ce difficultueux colloque dont la demande et la réponse ont pour langage l’expérimentation ; là, sans expéditions lointaines qui dévorent le temps, sans courses pénibles qui énervent l’attention, je pourrais combiner mes plans d’attaque, dresser mes embûches et en suivre les effets chaque jour, à toute heure. Hoc erat in votis : oui, c’était là mon vœu, mon rêve, toujours caressé, toujours fuyant dans la nébulosité de l’avenir.