Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pauvre petite cervelle. Et puis le trou ne se voit pas, il est masqué par le miel qui dégoutte. La cause de l’écoulement est une inconnue ; et remonter de la fuite du liquide à cette cause, la brèche du récipient, est pour l’insecte un raisonnement trop élevé.

Une cellule à l’état de godet rudimentaire et sans approvisionnement, est percée à la base d’un trou de trois à quatre millimètres d’ampleur. Peu d’instants après, cet orifice est bouché par la maçonne. Déjà nous avons assisté à semblable réparation. Cela fait, l’insecte se met à approvisionner. Je refais le trou au même point. Par cette ouverture le pollen ruisselle et tombe à terre lorsque l’hyménoptère brosse dans la cellule son premier apport. Le dégât est certainement reconnu. En plongeant la tête au fond du godet pour s’informer de ce qu’elle vient d’emmagasiner, l’abeille engage les antennes dans l’orifice artificiel, qu’elle palpe, qu’elle explore, qu’elle ne peut manquer de voir.

J’aperçois les deux filets explorateurs qui s’agitent hors du trou. L’insecte reconnaît la brèche, c’est indubitable. Il part. De son expédition actuelle rapportera-t-il du mortier pour réparer le pot percé, comme il vient de le faire quelques instants avant ?

Nullement. Il revient avec des provisions, il dégorge son miel, il brosse son pollen, il mixtionne la matière. La pâtée, visqueuse et peu fluide, obstrue la brèche et suinte difficilement. Avec une mèche de papier roulé, je dégage le trou, qui reste librement ouvert et à travers lequel le jour se voit très bien, dans un sens comme dans l’autre. Je renouvelle mes coups de balai toutes les fois qu’il en est besoin à mesure que de nou-