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aranéeuse de la centaurée solsticiale et s’amasse une balle de coton qu’il emporte fièrement au bout des mandibules. Il s’en fera sous terre des sachets en feutre d’ouate pour enfermer la provision de miel et l’œuf. — Et ces autres, si ardents au butin ? Ce sont des Mégachiles, portant sous le ventre la brosse de récolte, noire, blanche, ou rouge de feu. Elles quitteront les chardons pour visiter les arbustes du voisinage et y découper sur les feuilles des pièces ovales, qui seront assemblées en récipient propre à contenir la récolte. — Et ceux-ci, habillés de velours noir ? Ce sont des Chalicodomes, qui travaillent le ciment et le gravier. Sur les cailloux de l’harmas aisément nous trouverions leurs maçonneries. — Ceux-ci encore, qui bourdonnent bruyamment avec un essor brusque ? Ce sont les Anthophores, établies dans les vieux murs et les talus ensoleillés du voisinage.

Voici maintenant les Osmies. L’une empile ses cellules dans la rampe spirale d’une coquille vide d’escargot ; une autre attaque la moelle d’un bout sec de ronce et obtient, pour ses larves, un logis cylindrique, qu’elle divise en étapes par des cloisons ; une troisième fait emploi du canal naturel d’un roseau coupé ; une quatrième est locataire gratuite des galeries disponibles de quelque abeille maçonne. Voici les Macrocères et les Eucères, dont les mâles sont hautement encornés ; les Dasypodes, qui possèdent aux pans postérieures, pour organes de récolte, un volumineux pinceau de poils ; les Andrènes, si variées d’espèces ; les Halictes, au ventre fluet. J’en passe et en foule. Si je voulais le poursuivre, ce dénombrement des hôtes de mes chardons passerait à peu près en revue toute la gent mellifère. Un savant entomologiste