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XI

LA TARENTULE À VENTRE NOIR


L’Araignée a mauvais renom : pour la plupart d’entre nous, c’est un animal odieux, malfaisant, que chacun s’empresse d’écraser sous le pied. À ce jugement sommaire, l’observateur oppose l’industrie de la bête, ses talents de tisserand, ses ruses de chasse, ses tragiques amours et autres traits de mœurs de puissant intérêt. Oui, l’Araignée est bien digne d’étude, même en dehors de toute préoccupation scientifique ; mais on la dit venimeuse, et voilà son crime, voilà la cause première des répugnances qu’elle nous inspire. Venimeuse, d’accord, si l’on entend par là que la bête est armée de deux crochets donnant prompte mort à la petite proie saisie ; mais il y a loin entre mettre à mal un homme et tuer un moucheron. Si foudroyant qu’il soit sur l’insecte enlacé dans la fatale toile, le venin de l’aranéide est sur nous sans gravité et produit